https://www.presseocean.fr/actualite/nantes-la-mission-secrete-du-commando-hubert-21-05-2019-303157?fbclid=IwAR3lZ79631bno_8tUdGt6SjOhH_evXQg4z9Qg89adHpURtkOf5TolbvXWkw
En juin 1978, quatre nageurs de combats du Commando Hubert, qui a libéré les otages au Burkina Faso, ont descendu la Loire pour inspecter la coque d’un navire « espion » américain.
En ce début juin 1978, le port de Nantes reçoit en escale le State of Maine. Long de 162,7 m, cet ancien transport de troupe de l’US Navy a été affecté en 1973 à la Marad (Marine administration) qui l’a affecté à la Maine Marine Academy. Basé à Castine, il est utilisé pour la formation des midships, les futurs officiers de la marine marchande. Le long navire blanc et gris est chargé d’histoire. Construit en 1952, le paquebot est armé par la Cie American President Lines Ltd. Mais il est réquisitionné par l’US Navy avant la fin de son aménagement et participe à la guerre de Corée sous le nom d’USS Upshur. En octobre 1962, en pleine crise des fusées de Cuba, il participe à l’évacuation des familles de militaires américains de la base de Guantánamo. En 1973, l’Upshur est retiré du service par l’US Navy et passe à la Marad où il est rebaptisé.
Son escale nantaise, à l’invitation de la section nantaise d’un club maritime américain, est un événement. Il s’agit de la première visite d’un bateau-école américain dans un port français depuis 1960. Le State of Maine, avec 325 élèves à bord, est attendu pour le 8 juin et doit lever l’ancre le 12. « Il venait de Rotterdam. Mais il n’est arrivé que le 9 juin en raison d’une avarie », se souvient un ancien fonctionnaire du contre-espionnage qui souhaite garder l’anonymat. Car à l’époque, la sécurité du territoire s’intéresse de très près à ce navire. Certes, les États-Unis sont un allié de la France mais les relations sont parfois tendues, notamment sur les questions de défense.
Etrangement éloigné du quai
« Notre correspondant portuaire nous a avertis que le commandant du navire avait de drôles d’exigences. Il voulait utiliser sa propre passerelle et le bateau était étrangement éloigné du quai », se souvient-il. Un coup d’œil au Lloyd’s register, la bible des navires, permet de se rendre compte que les caractéristiques techniques du State of Maine ne devraient pas l’empêcher de se coller au quai. Et sur le quai, un agent de la DST remarque que le bateau dispose d’un équipement radio inhabituel et que, côté Loire, il a déployé un système de protection électro-acoustique. Un indice suffisant pour poursuivre les investigations, d’autant que la DST a appris que l’attaché naval de l’Ambassade des États-Unis à Paris a fait le déplacement jusqu’à Nantes. Alors que les midships aux pectoraux et biceps gonflés sous leur tee-shirt blanc lutinent avec des jeunes midinettes, 40 km en amont, une étrange équipe se prépare.
Quatre nageurs de combat
Venus de Lorient, quatre nageurs de combat du Commando Hubert, l’élite des commandos marine qui, le 10 mai, a libéré les otages français au Burkina Faso, s’apprêtent à aller inspecter discrètement la coque. « Ils ont d’abord longé le bateau dans une embarcation banalisée puis sont allés à Ancenis. Là, ils se sont laissés porter par les courants, sans nager pour ne pas être repérés. Après avoir neutralisé les systèmes d’écoute, ils ont découvert sous la coque un gabarit de coque de sous-marin nucléaire américain », poursuit l’ex-limier du contre-espionnage. « La France avait refusé ses ports aux sous-marins atomiques américains. Mais les États-Unis voulaient quand même savoir s’ils pouvaient faire escale dans les ports français en cas d’urgence ». S’il ne connaît pas les suites diplomatiques données à cet incident, l’ancien inspecteur se rappelle que les commandos ont été récupérés à Couëron.
Quant à lui, le State of Maine a quitté Nantes le 12 juin, cap vers Madère puis Portland. Il a continué sa mission de navire-école jusqu’en 1990 et son versement dans la flotte de réserve. Il a fini sa carrière au sein de la Coast Guard, à Mobile dans l’Alabama, et servait à tester les techniques de lutte anti-feu. Fortement endommagé par les ouragans Katerina en 2005 puis par Ike en 2008, il a été mis au rebut en 2011 à Brownsville au Texas.
En juin 1978, quatre nageurs de combats du Commando Hubert, qui a libéré les otages au Burkina Faso, ont descendu la Loire pour inspecter la coque d’un navire « espion » américain.
En ce début juin 1978, le port de Nantes reçoit en escale le State of Maine. Long de 162,7 m, cet ancien transport de troupe de l’US Navy a été affecté en 1973 à la Marad (Marine administration) qui l’a affecté à la Maine Marine Academy. Basé à Castine, il est utilisé pour la formation des midships, les futurs officiers de la marine marchande. Le long navire blanc et gris est chargé d’histoire. Construit en 1952, le paquebot est armé par la Cie American President Lines Ltd. Mais il est réquisitionné par l’US Navy avant la fin de son aménagement et participe à la guerre de Corée sous le nom d’USS Upshur. En octobre 1962, en pleine crise des fusées de Cuba, il participe à l’évacuation des familles de militaires américains de la base de Guantánamo. En 1973, l’Upshur est retiré du service par l’US Navy et passe à la Marad où il est rebaptisé.
Son escale nantaise, à l’invitation de la section nantaise d’un club maritime américain, est un événement. Il s’agit de la première visite d’un bateau-école américain dans un port français depuis 1960. Le State of Maine, avec 325 élèves à bord, est attendu pour le 8 juin et doit lever l’ancre le 12. « Il venait de Rotterdam. Mais il n’est arrivé que le 9 juin en raison d’une avarie », se souvient un ancien fonctionnaire du contre-espionnage qui souhaite garder l’anonymat. Car à l’époque, la sécurité du territoire s’intéresse de très près à ce navire. Certes, les États-Unis sont un allié de la France mais les relations sont parfois tendues, notamment sur les questions de défense.
Etrangement éloigné du quai
« Notre correspondant portuaire nous a avertis que le commandant du navire avait de drôles d’exigences. Il voulait utiliser sa propre passerelle et le bateau était étrangement éloigné du quai », se souvient-il. Un coup d’œil au Lloyd’s register, la bible des navires, permet de se rendre compte que les caractéristiques techniques du State of Maine ne devraient pas l’empêcher de se coller au quai. Et sur le quai, un agent de la DST remarque que le bateau dispose d’un équipement radio inhabituel et que, côté Loire, il a déployé un système de protection électro-acoustique. Un indice suffisant pour poursuivre les investigations, d’autant que la DST a appris que l’attaché naval de l’Ambassade des États-Unis à Paris a fait le déplacement jusqu’à Nantes. Alors que les midships aux pectoraux et biceps gonflés sous leur tee-shirt blanc lutinent avec des jeunes midinettes, 40 km en amont, une étrange équipe se prépare.
Quatre nageurs de combat
Venus de Lorient, quatre nageurs de combat du Commando Hubert, l’élite des commandos marine qui, le 10 mai, a libéré les otages français au Burkina Faso, s’apprêtent à aller inspecter discrètement la coque. « Ils ont d’abord longé le bateau dans une embarcation banalisée puis sont allés à Ancenis. Là, ils se sont laissés porter par les courants, sans nager pour ne pas être repérés. Après avoir neutralisé les systèmes d’écoute, ils ont découvert sous la coque un gabarit de coque de sous-marin nucléaire américain », poursuit l’ex-limier du contre-espionnage. « La France avait refusé ses ports aux sous-marins atomiques américains. Mais les États-Unis voulaient quand même savoir s’ils pouvaient faire escale dans les ports français en cas d’urgence ». S’il ne connaît pas les suites diplomatiques données à cet incident, l’ancien inspecteur se rappelle que les commandos ont été récupérés à Couëron.
Quant à lui, le State of Maine a quitté Nantes le 12 juin, cap vers Madère puis Portland. Il a continué sa mission de navire-école jusqu’en 1990 et son versement dans la flotte de réserve. Il a fini sa carrière au sein de la Coast Guard, à Mobile dans l’Alabama, et servait à tester les techniques de lutte anti-feu. Fortement endommagé par les ouragans Katerina en 2005 puis par Ike en 2008, il a été mis au rebut en 2011 à Brownsville au Texas.
